Depuis le fiasco de l’expulsion de l’influenceur Doualemn le 9 janvier dernier, les relations migratoires entre la France et l’Algérie ont pris un tournant discret mais significatif. En coulisses, les autorités consulaires algériennes semblent avoir revu leur copie, ralentissant volontairement la cadence des reconduites à la frontière. Résultat : selon des informations obtenues par Le Point, moins de dix éloignements hebdomadaires sont désormais comptabilisés vers Alger depuis les centres de rétention administrative français.
« C’est typique de l’Algérie », confie une source sécuritaire, familière de ces dossiers. « Ils ne coupent jamais totalement les discussions, mais ils laissent le robinet à peine ouvert. Aujourd’hui, c’est au goutte-à-goutte. » Une stratégie calculée, à mi-chemin entre la diplomatie silencieuse et le bras de fer migratoire.
Au cœur du blocage : la délivrance des laissez-passer consulaires, ces documents indispensables pour expulser un ressortissant algérien. Un document confidentiel consulté par Le Point révèle que les autorités algériennes en ont réduit drastiquement l’octroi. Sans ce sésame, les préfectures françaises se retrouvent paralysées, incapables de mener à bien les procédures de retour forcé.
Ce geste n’est pas sans conséquences pour la France, qui voit ainsi l’un de ses leviers de politique migratoire s’éroder. Il ravive aussi un vieux débat : celui des rapports asymétriques entre Paris et Alger sur la question migratoire. Une relation souvent marquée par des tensions, des négociations opaques et une instrumentalisation réciproque des flux humains.
En toile de fond, l’affaire Doualemn continue de peser. Cet influenceur très suivi sur les réseaux sociaux, dont l’expulsion avait été annoncée puis suspendue à la dernière minute, semble avoir cristallisé des crispations jusque dans les plus hautes sphères de la diplomatie algérienne. Un signal que le gouvernement algérien entend bien faire passer à sa manière, en modulant au gré des intérêts politiques le flux des expulsions — à la carte.