Le mercredi 9 avril restera dans les annales comme le jour où Donald Trump, contraint par la réalité économique et la pression internationale, a dû ravaler sa rhétorique belliqueuse sur les droits de douane. Une semaine seulement après avoir proclamé le « jour de la libération » en annonçant une vague de hausses tarifaires contre le reste du monde, le 47e président des États-Unis a brutalement changé de cap. Un repli embarrassant que la communication de la Maison-Blanche s’efforce de camoufler sous les atours d’un plan savamment orchestré.
Mais la vérité est plus prosaïque. L’annonce initiale d’une taxation généralisée a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Les bourses ont plongé, les partenaires commerciaux ont exprimé leur colère, et les économistes, y compris certains proches de l’administration, ont tiré la sonnette d’alarme. Face au risque d’une guerre commerciale totale, Trump a dû rétropédaler : une pause de 90 jours est désormais accordée sur les nouveaux droits de douane — ramenés à 10 % — à l’exception de la Chine, qui reste dans le collimateur.
Le revirement n’est pas passé inaperçu. Dans les couloirs du Congrès comme dans les chancelleries étrangères, on parle ouvertement d’une « capitulation ». Mais fidèle à sa stratégie de communication, Trump cherche à transformer ce recul en manœuvre tactique. Il affirme que cette suspension est une « ouverture pour la négociation » et une preuve de sa « flexibilité stratégique ».
Reste que ce nouvel épisode illustre, une fois de plus, l’improvisation qui règne à la tête de la première puissance mondiale. À force de déclarations tonitruantes suivies de reculs désordonnés, Trump entretient un climat d’incertitude qui nuit à la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale et inquiète jusqu’à ses soutiens les plus fervents.
Le président espère sans doute que sa base retiendra son audace initiale, plutôt que son désengagement final. Mais les faits sont têtus : ce 9 avril n’a rien d’un triomphe. C’est le jour où la réalité économique a rattrapé le discours populiste.